Le lac de Saint-Sixte est très sombre, même en été. Le lac de Saint-Sixte ignore l’innocence des étés. C’est une eau qui retient sa lumière, une eau verte et surtout noire qui fait de la rétention de lumière. Le ciel dégringole en bleu dans le lac, passe en vert puis coule en noir. Il y a plusieurs sortes de noirs dans le noir. Les eaux de Saint-Sixte sont d’un noir mauve, orageux, un noir comme dans les yeux des jaloux. Ce noir est là depuis qu’il y a de l’eau à Saint-Sixte. Et le sourire de Geai commence secrètement à le ronger, à le diluer, à l’allonger, et le sourire de Geai fait remonter en surface du lac de Saint-Sixte tout le bleu du ciel qui avait coulé dedans. C’est un pays de montagnes. En pays de montagnes, le bleu a une franchise absolue, une netteté blanche. Ce bleu, comment dire : il brûle et il lave.