Dans le soir de sa vie, Matisse peint avec des ciseaux. Il découpe à même le ciel des orages de vin pur et des printemps de soie bleue. Il renoue avec la simple magie des crayons de couleurs. Jour après jour, il cueille les heures calmes, comme un enfant compte ses joies une à une avant de s'endormir. Il est âgé, malade. C'est dans les années de souffrance qu'il accueille une étoile, et c'est sous les arcades du grand âge qu'il fleurit une enfance. La nuit s'avance à sa rencontre. Elle a la douçeur d'une fille et la fraîcheur d'une source. Il peint. Il peint comme on sourit ou comme on meurt. Il va sur un chemin impraticable et radieux.