Il a neuf mois. Il est assis à mes côtés dans la voiture que je conduis à travers une campagne inondée de soleil. Tout en surveillant la route, je le regarde de temps en temps. Il a dans les yeux la gravité d’un sage. Il étudie les lumières, les ombres et les lacets de ses petites chaussures qu’il a pris dans ses mains. Parfois une pensée lui fait plisser le front. Je ralentis un peu, me penche vers lui et lui dit en riant : La vie c’est épatant. On va tous mourir mais c’est quand même fabuleux. Il interrompt ses études, me fixe de ses gros yeux noirs comme des prunes, sourit en coin et puis reprend ses pensées profondes, imperturbable, royal.