La gone : (...) c'est un mot du lyonnais pour dire celle qui réjouit le coeur, la benjamine, le bout de chou, la tard venue, quatrième et dernière des enfants. La place du dernier dans une famille est la place souveraine. (...) On veille sur elle, sans jamais l'arrêter dans ses folies. (... ) on brûle pour elle tout l'or du temps, on fait comme si un tel amour était inépuisable, d'ailleurs c'est ce qu'il est.
Les aînés, on les reconnaît plus tard à leur trop grand sérieux, et à cet empêchement qu'ils ont à parler d'eux-mêmes : ils ont reçu de plein fouet l'angoisse de parents trop jeunes, la crainte des parents de mal faire.
La gone est à deux mois ce qu'elle sera à vingt ans et à quarante, inespérée, comblée (...) tu sais à peine marcher, tu as déjà compris le monde, et que l'amour y manque même quand il est bien là, alors tu remplis ta mission de gone, tu occupes ta place de dernière, tu donnes l'amour qu'on t'a donné et tu le donnes au centuple.