Nous avons fait un grand chemin. De l'enfance à l'âge adulte, de l'erreur à la vérité. Nous savons à présent où est la vérité. Elle est dans le sexe, dans l'économie et dans la culture. Et nous savons bien où est la vérité de cette vérité. Elle est dans la mort. Nous croyons au sexe, à l'économie, à la culture et à la mort. Nous croyons que le fin mot de tout revient à la mort, qu'il grince entre ses dents serrées sur leur proie, et nous regardons les siècles passés du haut de cette croyance, avec indulgence et mépris, comme tout ce qu'on regarde de haut. Nous ne pouvons leur en vouloir de leurs erreurs. Maintenant nous avons grandi. Maintenant nous ne croyons qu'à ce qui est puissant, raisonnable, adulte - et rien n'est plus puéril que la lumière d'une bougie tremblant dans le noir.
Quand on est amoureux on parle à son amour et on ne parle qu'à lui seul. Partout, toujours. Et que dit-on à son amour ? On lui dit qu'on l'aime, ce qui n'est presque rien dire - sinon le presque rien d'un sourire, le balbutiement d'un serviteur à son maître qui le comble, qui le comble mille fois trop.