Petite fille, tu as couru pendant tes quatre premières années sur la terre maternelle, puis cette terre s’est ouverte, effondrée d’un seul coup, et il t’a été donné d’apprendre l’essentiel : que le fond de cette vie terrestre n’est pas sûr, qu’il est friable, mouvant, instable. C’est une bonne découverte mais elle est venue pour toi un peu tôt. Nous avons besoin de nous tromper avant d’accéder à la vérité. Nous avons besoin de croire à l’éternité de ceux qui nous aiment pour grandir et un jour comprendre, sans être détruit, que cette éternité-là est mensongère, et qu’il nous faut désormais aimer sans rien attendre de l’amour – hors la joie présente qu’il donne, avec quoi il se confond.