VAN GOGH : Je n'ai pas lu ce livre mais je suis d'accord avec cette phrase : « Tout le monde est occupé. »
REMBRANDT : Et on peut savoir à quoi tu es occupé présentement ?
VAN GOGH : Je prends la lumière et je la transforme en chanson.
REMBRANDT : Je vois. C'est une occupation plein temps. Je suppose que tu n'as pas une minute à toi.
VAN GOGH : Je ne fais pas que chanter. J'écoute aussi la conversation du tilleul avec le vent. Le fou rire des feuilles dans la petite brise du soir est un bon remède contre la mélancolie.
REMBRANDT : J'ai mieux à faire que d'écouter le bavardage d'un tilleul perclus de rhumatismes. (...) En tout cas, moi, je me cultive. Je ne perds pas mon temps à me balancer sur un trapèze, en chantant des airs de quatre sous.
VAN GOGH : Oh mais je lis aussi, et peut-être plus que toi. Je trouve mes lectures dans la lumière du ciel. C'est le livre le plus profond qui soit — et ce n'est même pas moi qui en tourne les pages.
REMBRANDT : Tu regardes, tu écoutes et tu chantes. Et c'est tout ?
VAN GOGH : Oui, c'est tout. Et toi tu cherches dans les livres ce qui ne s'y trouve pas. Tu vois bien : tout le monde est occupé.