C'est un homme de cinquante- trois ans. Dans les yeux d'Albe, il en a à peine trente. c'est la voix qui donne l'âge vrai. C'est la flamme d'une parole qui renseigne le mieux sur l'âge des gens.
On me parle. Les mots sont des grains de sable. L'ensemble fait désert. J'ai perdu une chose mais j'ignore quoi. Il est même douteux que je l'ai jamais possédée, cette chose. Pourtant, c'est sûr, je l'ai perdue. Expliquez-moi qui je suis. Donnez-moi de mes nouvelles.
C'est une chose fragile que la lumière du jour. On y grandit. On y marche. On attend quelque chose, on ne sait trop quoi.
Oui, mais voilà : où trouver la force d'attendre, quand le visage aimé est recouvert de terre ?
Toute lumière nous venait de ce visage.
Maintenant, on n'y voit plus.
Les premières phrases : On est d'abord loin du livre, loin de la maison. On est d'abord loin de tout. On est dans la rue. On passe souvent par cette rue-là. La maison est immense. Les lumières y brûlent jour et nuit. On passe, on ne s'arrête pas. Un jour on entre.
Voyager, c'est une fête : on met la clef sous la porte, on se laisse à l'intérieur. On se donne rendez-vous à l'étranger. On regarde les rues, le ciel et les maisons. On se regarde soi-même dans les vitrines, étonné d'être où l'on est-c'est-à-dire ailleurs. On a changé.
« Du temps passe. A vingt ans, on danse au centre du monde, A trente, on erre dans le cercle. A cinquante, on marche sur la circonférence, évitant de regarder vers l'extérieur comme vers l'intérieur. Plus tard, c'est sans importance, privilège des enfants et des vieillards, on est invisible. »
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