Dans ce monde qui ne rêve que de beauté et de jeunesse, la mort ne peut plus venir qu'à la dérobée, comme un serviteur disgracieux que l'on ferait passer par l'office.
Un arbre ébloui par la neige, la terrible innocence du ciel bleu et le visage de ceux que la mort a commencé de tutoyer : tels sont depuis quelques mois mes livres de chevet.
Assis pendant des heures dans le couloir de la maison de long séjour, ils attendent la mort et l'heure du repas.....
Ils aiment toucher les mains qu'on leur tend, les garder longtemps dans leurs mains à eux, et les serrer. Ce langage-là est sans défaut.
C’est la nuit que j’ai le plus envie de lui parler, quand l’éclat des lampes sur la fenêtre du salon me le rend invisible. Je sais qu’il est là, veillant dans le noir, et le savoir m’apaise – comme à l’enfant perdu dans son sommeil, la voix des parents dans la chambre voisine.
Vertiges des marches que je descends, qui mènent au
fond de la mer, au fond de l'amour. Marches humides de
mon sang creusées par mes songes.
À quoi rêvent-ils, les fiancés des eaux profondes, à
quelle improbable paix, sous quelle lumière d'un soleil
mort ?
Je suis né dans un monde qui commençait à ne plus vouloir entendre parler de la mort et qui est aujourd’hui parvenu à ses fins, sans comprendre qu’il s’est du coup condamné à ne plus entendre parler de la grâce.
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