Hélène saute à cloche-pied sur le trottoir. Elle suit un chemin visible d'elle seule, dont quelques fragments coïncident avec les traits de peinture blanche devant les garages, autour des chantiers. Elle marche sur un fil immatériel, il ne faut pas se tromper: à côté, c'est l'abîme, un contre-ciel, interdit. Elle cueille une fleur dans un fossé. Ancolie, c'est le nom. Ancolie.
Le solitaire est celui qui n 'est plus jamais seul parce que toutes choses viennent à lui trouver leur, nom .Il est comme une petite maison dans la foret , si ouverte au silence que le betes sauvages craingnent pas d'y entrer.
Oui, j’aime ce temps stérile, peu glorieux. Il me protège d’être quelqu’un, il me met à l’écart, en retrait comme l’enfant qu’on envoie dans sa chambre, privé de dîner.
Matinée avec Haydn. Symphonie numéro 94. Les ailes cassantes de la musique. Dieu plus léger que l'air. Hélène. Elle étale une petite nappe de coton, bleu lavande, sur le sol. C'est la mer, c'est pour se noyer. Gravité des rires. Tout devient dans l'apparence, tout arrive.
Dans le soir de sa vie, Matisse peint avec des ciseaux. Il découpe à même le ciel des orages de vin pur et des printemps de soie bleue. Il renoue avec la simple magie des crayons de couleurs. Jour après jour, il cueille les heures calmes, comme un enfant compte ses joies une à une avant de s'endormir. Il est âgé, malade. C'est dans les années de souffrance qu'il accueille une étoile, et c'est sous les arcades du grand âge qu'il fleurit une enfance. La nuit s'avance à sa rencontre. Elle a la douçeur d'une fille et la fraîcheur d'une source. Il peint. Il peint comme on sourit ou comme on meurt. Il va sur un chemin impraticable et radieux.
La solitude est un bien premier de la vie, au même titre que la nourriture ou le sommeil. La nécessité de nous procurer quotidiennement ces biens nous dispense de toute autre justification: pas plus qu'on ne raisonne le besoin de manger ou dormir, on ne doit justifier le besoin d'être seul.
Que faire de chaque jour ? Je ne sais pas .Je ne l'ai jamais su . Meme dans un travail ,meme là , je ne sais comment venir a bout de cette éternité du jour , comment combler ce gouffre. Comment traverser ce désert .
Il y a une joie dans le monde.Il y a une joie élémentaire de l'univers, que l'on assombrit chaque fois que l'on prétend être quelqu'un, ou savoir quelque chose.
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