Si vous voulez vous faire aimer des hommes, Albe, commencez donc par les quitter : vous verrez comme alors ils sont doux. De vrais agneaux, de grands enfants perdus.
Voyager, c'est une fête : on met la clef sous la porte, on se laisse à l'intérieur. On se donne rendez-vous à l'étranger. On regarde les rues, le ciel et les maisons. On se regarde soi-même dans les vitrines, étonné d'être où l'on est - c'est à dire ailleurs. On a changé. On est aussi neuf que ce qu'on voit.
Bien peu de gens savent aimer, parce que bien peu savent tout perdre. Ils pensent que l'amour amène la fin de toutes misères. Ils ont raison de le penser, mais ils ont tort de vivre dans l'éloignement des vraies misères. Là où ils sont, rien ni personne ne viendra. Il leur faudrait d'abord atteindre cette solitude qu'aucun bonheur ne peut corrompre.
Il y a des fous tellement fous que rien ne pourra jamais leur enlever des yeux la jolie fièvre d'amour. Qu'ils soient bénis. C'est grâce à eux que la terre est ronde et que l'aube chaque fois se lève, se lève, se lève.
Il y a ainsi des gens qui vous délivrent de vous-même - aussi naturellement que peut le faire la vue d'un cerisier en fleur ou d'un chaton jouant à attraper sa queue. Ces gens, leur vrai travail, c'est leur présence.
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