Une des joies éphémères de l'été, c'est de traverser une rivière en sautant sur des pierres.
On écarte les bras comme s'ils étaient des ailes. On appuie les mains sur l'air. On peut glisser, se mouiller un peu, beaucoup. Si on est plusieurs à vivre cette époqée on rit aussi bien de l'échec que de la réussite. Et peut-être même l'échec entraîne-t-il une joie plus grande. On a dix ans, quinze ans.
C'est l'âge des bandes. On ne sait pas alors qu'on est en train de traverser la chambre en feu de la vie,
celle dont chaque fenêtre donne sur l'éternel. On ne sait pas non plus qu'il est aussi indifférent de perdre que de gagner. Il faudra encore des années pour comprendre que les années ne sont rien et qu'il n'y a
ni vrai, ni faux, juste la vie-rivière et nos bonds maladroits d'une parole à l'autre.