S’il y a un dieu, alors c’est un joueur. Il assemble, puis il sépare. Il élève puis il brise. Il monte des châteaux d’atomes enluminés – ce que nous appelons nos « âmes » –, puis il passe en coup de vent, éteint toutes les lumières, reprend les atomes, les briques, les soupirs, les réassemble autrement ailleurs, sous la forme passagère d’un palais, d’une cascade ou d’un éclat de rire. Le rire est un château monté dans les airs par des anges maçons qui travaillent très vite. En une seconde c’est fini. Le rire aux milles pièces d’eau, aux jardins intérieurs et aux chambres secrètes s’effondre à peine construit, mais Dieu, que c’était beau. Fonctionnaires de mairie, écrivains, cambrioleurs, magistrats, cantonniers nous ne sommes que des constructions éphémères et le bruit de nos rires, c’est celui de notre effondrement. Bach le dit. Et la vie dit pareil. Et les deux ne font qu’un.