On a inventé le travail salarié pour ne pas penser à ce qui nous fait souffrir, pour qu'il y ait, revenant tous les jours, ces heures où ne pas penser à soi, à la solitude, à Dieu, à l'autre, pour ne pas penser à tout ce qu'on devine insoluble, déchirant.
Jadis les princes sortaient de leurs palais en grand arroi: carrosses, chevaux, valets, étendards, parades de toutes sortes. Le mot désarroi vient de là. Être en désarroi c'est être privé d'escorte, avancer dans une vie dépouillée de tout revêtement de force.
C'est [la mélancolie] la maladie de celui qui, dépité de n'être pas tout, choisit, par un revers enfantin de l'orgueil, de n'être rien, ne gardant du monde que ce qui lui ressemble: le morne et le pluvieux.
La télévision c'est le monde qui s'effondre sur le monde, une brute geignarde et avinée, incapable de donner une seule nouvelle claire, compréhensible. La télévision c'est le monde à temps plein, à ras bord de souffrance, impossible à voir dans ces conditions, impossible à entendre.
Le mal de la télévision, ce n'est pas dans la télévision qu'il est, c'est dans le monde, et si on le confond c'est qu'ils ne font plus qu'une masse perdue, souffrante.