La mort dont nous ne savons rien posera sa main sur notre épaule dans le secret d'une chambre ou elle nous giflera dans la lumière du monde - c'est selon. Le mieux que nous puissions faire en attendant ce jour est de lui rendre sa tâche légère : qu'elle n'ait presque rien à prendre parce que nous aurions déjà presque tout donné.
Au fond, même dans ces accès de mélancolie, je n'ai jamais trop su quoi faire de cette vie sinon l'aimer, l'aimer follement et le lui dire: écrire des lettres d'amour, éclairer la blancheur d'un papier en y renversant de l'encre;
Très peu est pour moi le nom de l’abondance. J’ai au cœur une bête sauvage qui ne sort que la nuit et pour quelques secondes. Elle s’empare des restes abandonnés par le jour – feuille, visage, parole – et elle regagne précipitamment son trou, ayant trouvé de quoi manger pour deux siècles. Ce n’est jamais la même chose dont elle se nourrit – ici un voyage, là une lecture, ailleurs un silence – mais c’est toujours la même joie qui est cherchée et parfois atteinte, une joie enfantine et légère comme une tache de soleil.
Ecrire des lettres d'amour est, certes, un travail peu sérieux et sans grande importance économique. Mais si plus si personne ne l'exerçait, si personne ne rappelait à cette vie combien elle est pure, elle finirait par se laisser mourir--- vous ne croyez pas?
On a inventé le travail salarié pour ne pas penser à ce qui fait souffrir, pour qu'il y ait, revenant tous les jours, ces heures où ne pas penser à soi, à la solitude, à Dieu, à l'autre, pour ne pas penser à tout ce qu'on devine insoluble, déchirant.
Je reviens de Bretagne, mon amour. La Bretagne est une terre belle comme l'enfance: les fées et les diables y font bon ménage. Il y a des pierres, de l'eau, du ciel et des visages --et ton nom partout chantant dessous le nom des pierres, de l'eau, du ciel et des visages.
Elle vous parle d’elle c’est-à-dire de ceux qu’elle aime. Nous sommes faits de cela, nous ne sommes fait que de ceux que nous aimons et de rien d’autre. Si retranchée soit notre vie, perdue sur les hauteurs brûlées de vent, elle n’est jamais si proche que dans une poignée de visages aimées, que dans cette pensée qui va vers eux, dans ce souffle d’eux à nous, de nous à eux.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.Ok