Tu n'aimes pas les images mais ton noir comme la nappe de pétrole est la mère des images : plaques de réglisse, bannières du deuil, rideaux de fer, clins d'oeil de gisants, orage de l'innocence, charbon d'os, pelage du jaguar.
Les yeux clos dans le train de nuit, pensant à tes peintures, je fais renaître très précisément l'impression qu'elles me donnent : un sentiment ou plutôt une pensée physique -- comme si tes sarcloirs, tes brosses, tes fourches, tu les passais à même le coeur de qui regarde ton oeuvre.
Je cherche en écrivant une voix, la mienne. Car si je trouve ma voix, alors je trouverai aussitôt la voie unique de ceux que j'aime. Le singulier appelle le singulier qui lui répond, comme deux oiseaux dans la forêt, invisibles l'un pour l'autre.
Je rejoins sans écrire les plus beaux livres. On ne les trouve pas en librairie. Ce sont des lettres qui n'espèrent ni ne demandent rien. Elles ont été pensées plutôt qu'écrites, et vues plutôt que pensées, vues en caractères cyrilliques sur la face du mont Fugi, le mur de l'impossible, à cinquante centimètres du visage de l'écrivain.
Les variations infinies du noir révèlent, en pinçant à chaque fois une corde nouvelle, la nature profondément musicale de notre coeur, quel violoniste fou est ce dieu que nul ne voit, pas même ceux qui lui donnent leur vie.
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