Chaque fois que je sors de la maison de retraite j'ai une vingtaine de visages étonnés dans mon panier. Je les mets sur la page, avec un peu d'encre aux joues ils retrouvent de vraies couleurs.

Sur le quai des gares il n'y a que des orphelins.

Tous les vivants sont dans mon coeur. L'auberge est vaste. Il y a même un lit et un repas chaud pour les criminels et les fous.

Nous ne disposons que d'une seconde pour voler à la vie les bracelets de lumière qui tintent à ses poignets.

Je vais chercher mon pain, mes nuages et mes étoiles dans l'unique librairie du Creusot.

Une très vieille dame... avoue être si seule que lorsqu'elle mange dans sa cuisine, elle entend le bruit de l'ampoule . Cette parole donne en une seconde mille fois plus à voir sur la vie exténuante des âmes que les chefs-d' oeuvre couvant leur lumière avare dans la nuit des musées.

Je vois parfois des choses si belles que je me réjouis de ne pas les posséder.

Le remplaçant du médecin de Saint-Sernin m'apprend qu'il a échoué à ses examens de première année pour avoir passé ses jours à lire tout Dostoïevski. Un homme curieux de la vie des âmes ne peut que bien soigner les corps. Songer à des choses invisibles, manquer des examens, c'est aller d'un bon pas.

Une gare où plus aucun train ne s'arrête est un chef-d'oeuvre de poésie errante, comme le sont les maisons d'éclusiers aux paupières closes.

Dieu écrit beaucoup-sans doute par angoisse.