La lecture est un billet d'absence, une sortie du monde.

L'humain est un tissu qui se déchire facilement.

Dieu se réfugie aussi dans les livres. Comme les abeilles dans une souche creuse du langage.

Je connais le Japon par la goutte d'eau d'un silence qui éclate sur le carrelage d'un poème de Ryokan.

Ce que j'appelle aimer, c'est remercier pour une force donnée.

L'écriture doit venir nous chercher où nous sommes, nous sortir de la tombe de nos vies, faire revenir dans nos veines le sang vieil or de l'amour. Le coeur, cette défaite prodigieuse.

Le coeur, quand il existe, se voit de loin : un mont Fuji dans la poitrine.

J'ai interrogé les livres et je leur ai demandé quel était le sens de la vie, mais ils n'ont pas répondu. J'ai frappé aux portes du silence, de la musique et même de la mort, mais personne n'a ouvert. Alors j'ai cessé de demander. J'ai aimé les livres pour ce qu'ils étaient, des blocs de paix, des respirations si lentes qu'on les entend à peine. J'ai aimé le silence, la musique et la mort pour ce qu'ils ouvraient en moi, cette clairière dans mon cerveau, ce trou dans les étoiles, un peu de vide, enfin. J'ai rejoint l'atelier des berceaux.

L'écriture s'enfonce dans le coeur du lecteur comme une aiguille de couturière. C'est pour y faire entrer un jour miraculeux.

Dans un monastère zen chaque moine, à la fin du repas, laisse quelques grains de riz dans son assiette pour les oiseaux. L’écriture est ce geste.